Non, mais...

Est-ce que, comme moi, et comme j'ai entendu ma chère maman le faire tout au long d'une conversation de ce dimanche de printemps, vous répondez à votre interlocuteur par un "non, mais..." quand un échange contrarie votre vision - quand vous avez un problème mais que vous n'êtes pas prêt à envisager le changement à opérer pour le résoudre ?

 

La déclinaison qui suit est très souvent la même :

"moi, mes salariés sont ainsi..."

"moi, l'environnement est comme cela..."

"moi, ce n'est pas possible parce que..."

"moi, je ne peux pas, j'ai telles ou telles contraintes externes..."

"moi, je n'ai pas le temps / pas l'argent / ..."

"moi, j'ai des enfants en bas âge"

"moi, je...", etc... etc...

 

Comme dans cette conversation que j'ai eue cet après-midi, l'apprentissage devient impossible, le partage d'idées devient réduit, celui ou celle qui avance une problématique n'est tout simplement pas prêt à entendre les propositions de changement qu'il pourrait opérer, non pas sur l'environnement, mais sur lui-même d'abord.

 

J'ai un problème mais je suis "bien" avec puisque je ne prends en compte aucune des ouvertures possibles.

 

J'ai fait ça aussi ! C'est tellement dur de regarder la vérité en face et de se transformer, de transformer son regard, son point de vue, d'acquérir de nouvelles connaissances, de changer parfois du tout au tout sa manière de penser les choses.

J'ai fait ça, et puis un jour j'ai décidé de faire tomber l'armure du "j'essaie d'expliquer, de justifier, de rationaliser" qui ne correspond finalement qu'à trouver des excuses, à se cacher derrière de, souvent, très bonnes raisons, entendables. C'est vraiment difficile de lâcher cette armure et de dire "je ne sais pas, apprends-moi".

Pour ma part, je pensais de surcroît que je devais savoir, puisque j'avais un Bac+8 et 15 ans d'expériences professionnelles - dire "apprends-moi" signifiait pour moi - je ne suis pas compétente, je ne suis pas au niveau ! Comment l'accepter ?

 

Et puis, j'ai finalement décidé, oui, d'écouter, d'accepter cette incompétence. Ecouter, ceux qui savent, ceux qui ont l'expérience et la vision, se taire, ouvrir plus grand mon champ de conscience, et gagner en clarté, accepter de travailler sur moi et de me remettre en question, encore et encore, sans fin...

 

Pour finalement, voir l'extérieur comme le reflet de là où j'en suis, de mes avancées et de ma compréhension du monde.

 

J'essaie désormais de ne pas commencer mes phrases par "non mais" mais par "c'est intéressant" quand je suis interpellée, chamboulée dans une représentation, de respirer et d'écouter. J'essaie... Je n'y arrive pas toujours, j'essaie encore et encore...

 

Et vous, quel "non, mais..." vous contraint à rester là où vous êtes ?

 

Dr. Ida GENNARI - EL HICHERI 
PSYCHOLOGUE SCEAUX PARIS

Spécialiste de soutien et de l'accompagnement des femmes HPI 
Psy&Co Développement